Le ciel de L6ndres conquis depuis le bas

Témoignage de Toni Alomar, un des des premiers castells de 6 de l’histoire des Castellers de Paris lors de la première exhibition internationale de castells, juin 2016, Londres

 

Alors que le Deuxième Festival Interational de Castells approche je ne peux m’empêcher de repenser au premier qui s’est déroulée il y a bientôt un an à Londres. C’était notre première grande exhibition et on n’aurait jamais imaginé qu’après un peu plus de six mois d’existence nous pourrions faire nos premiers castells de 6. Je m’en souviens comme si c’était hier… !

Après que certains aient eu un premier contact à l’entraînement de vendredi soir, la représentation de samedi au Crouch End Festival a été le coup d’envoi du week-end. Au festival nous avons trouvé beaucoup de gens qui ne savaient pas que nous allions faire une représentation de castells et qui ignoraient même l’existence du concept. La preuve a été que plusieurs d’entre eux sont venus nous demander à quelle heure nous allions commencer à danser. Malheureusement en dehors de la Catalogne les castells sont très peu connus mais avec des représentations comme celle de Londres nous avons justement l’opportunité de changer ça. Moi j’étais le baix du pilar caminat (« pillier marché ») et de la tour de 5, avec Ari. Je me sentais bien. Mais je savais aussi pertinemment que les castells de 6 qu’on allait essayer de faire le lendemain seraient une autre histoire…

Le soir nous sommes allés au dîner « de fraternité » des deux colles (équipes) dans un pub du centre de Londres. Et évidemment comme à chaque fois qu’on fait la fête avec les castellers on a fini per faire quelques piliers et des « poms » peu conventionnels, avec acotxador et enxaneta XXL… Et comme si on n’en avait pas eu assez, à l’appartement avant de dormir on a fait encore un autre « pom » en pyjama. Peu importe l’endroit, on peut toujours s’entrainer.

 

Photo de : Daniel Vion  

 

Le lendemain je me suis réveillé en pensant déjà à la représentation. J’étais un peu nerveux, c’était ma première grande exhibition ! On commençait à 11h, et on devait faire la représentation sur une place du quartier de Spitafields. Je me suis douché et j’ai mis directement mon pantalon blanc de la colla.  On avait juste le temps de se préparer, petit déjeuner et aller jusqu’à l’endroit. Quand on est arrivés il y avait déjà beaucoup de monde. Tous venus pour nous voir, nous ! Chair de poule !

Personnellement le fait d’être au centre de la pinya et un peu préservé de l’ambiance qui entoure le castell m’aide à être plus calme et concentré. Après deux castells de Londres et notre tour de 5, le moment de vérité était là. Nous allions faire nos premiers 3d6 et 4d6. Jordi Rabassa nous parlait aux baixos juste avant le premier 3d6…

Les gars, ça va être long, peu importe le problème communiquez avec votre agulla et votre contrafort. Depuis votre position à la base vous êtes les premiers à pouvoir intimer calme et sécurité à la construction. Alors soyez forts, patients, et essayez de souffrir en silence. Vous verrez on va y arriver !

A part moi, les autres baixos étaient Ariadna et Mariona. A mesure que les terços et dosos grimpaient moi je me sentais relativement confortable. Mais je sentais à ma droite Mariona qui disait qu’elle était mal placée et qu’elle souffrait pas mal. C’est important pour les baixos d’être bien verticaux et bien soutenus par les contreforts et les crosses dès le début. A mesure que le poids augmente c’est beaucoup plus difficile de se repositionner. Je sentais aussi que Jesus demandait avec insistance plus de force à son latéral. Finalement avant que l’enxaneta ne commence à monter, Ester, qui dirigeait la construction, a donné l’ordre à l’acotxadora et aux dosos de commencer à descendre. Le premier essai était un échec. Nous n’avions jamais réalisé cette construction. Pour réussir tout devait être parfait et ça ne l’a pas été. Ca ne valait pas la peine de risquer une chute quand nous pouvions réessayer plus tard.

 

Photo de : Daniel Vion  

 

Après un autre castell de l’équipe de Londres on a fait le deuxième essai. Cette fois tout devait être parfait. Mariona et Ari ont échangé leurs positions. Maintenant Mariona allait être la rengla et Ariadna la plena. De loin on entendait les premières instructions d’Ester. Et nous, on tenait bon. En entendant les premiers applaudissements on savait que l’enxaneta avait fait « l’aleta ». Je crie et j’encourage les gens qui m’entourent. Mes bras commencent à flancher… Je suis un peu incliné sur la gauche mais je sais qu’il est trop tard pour y remedier. Je sens que Ariadna et Mariona aussi sont un peu justes… Il nous reste juste à tenir bon. Peu à peu les applaudissements augmentent à nouveau, c’est bientôt fini… Finalement les premières mains aident les segons à descendre et nous libèrent du poids. Explosion d’extase de toute la colla qui nous entoure. Sans une seconde pour me remettre de l’effort, je crie et une larme roule sur ma joue sous le coup de l’émotion. Nous avions réussi ce qu’il y a seulement six mois était impossible.

 

Photo de : Daniel Vion  

 

Après la réussite du 3d6 il nous restait encore le 4d6. Nous l’avons tenté à notre deuxième tour. Avoir réussi le 3d6 nous avait donné confiance pour affronter le 4d6. Maintenant nous savions que nous pouvions le faire. Et cette fois nous avons réussi du premier coup ! Notre première exhibition importante et nous avions réussi à faire nos premiers castells de 6.

 

Photo de : Daniel Vion  

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